Interlude


Photo prise par Solène Millon

Création 2013


Forme poético-grotesque
où l'on y retrouve Maxime Lambert, 
et Benjamin Audouard, 
qui machine le tout.

Avec la présence d'Harold Toutain.


Présentation


Interlude est le prolongement du travail réalisé par son auteur dans ses projets précédents. Ces derniers ont été le fruit de diverses expérimentations du plateau entrepris lors d'une pratique théâtrale intégrée à un cursus universitaire. 

La genèse d'Interlude débute durant la lecture de Premier Amour de Samuel Beckett. Cette nouvelle a été une découverte, à tel point qu'il a fallu la digérer pendant longtemps. Attendre jusqu'à l'oubli de l'œuvre, en sachant qu'après la gestation une forme allait en découler. 

En attendant la digestion, l'intérêt se portait sur la connaissance d'une nouvelle démarche artistique – entre autres – celle de Tadeusz Kantor et de son théâtre informel. Interlude tend vers cette recherche tout en continuant à chercher sa propre identité, celle d'un théâtre d'objets où l'imaginaire est roi. Dans cet univers, les thèmes de la mémoire et du temps sont beaucoup sollicités ; le spectacle se compose ainsi d'une superposition d'instants et d'actions qui se révèlent durant la représentation – autrement dit, le temps présent. 

Interlude est un voyage à travers plusieurs parenthèses qui se referment tour à tour. À l'intérieur d'elles, le passage est sensitif. Il se veut singulier pour chacun, selon l'intention et l'attention que l'on lui porte. 


Extrait


Il ne faut jamais rien attendre des autres, encore moins de nos proches, et même des plus proches, ceux qui sont proches de chez proches, ceux qui peuvent te toucher l'épaule, te caresser les cuisses, ou t'embrasser le cul. J'essaie de jamais rien attendre, comme ça, je suis OH. Et être OH, c'est agréable, c'est une sensation assez rare, même très rare, tellement rare qu'il faut réussir à oublier la sensation d'attendre et le besoin d'attendre quelqu'un ou quelque chose.


Tu as la belle vie toi, tu ne fais rien de ta journée m'a-t-on dit. Ce à quoi je répondrais, je ne fais pas rien, je vis. Est-ce vraiment la vie d'attendre m'a-t-on dit. Ce à quoi je répondrais, je n'attends pas, je vis. Tu ne dois pas être fatigué de tes journées, m'a-t-on dit. Ce à quoi je répondrais, je fais beaucoup d'efforts pour être fatigué. Et ils m'ont répondu, va te faire en – étoile – étoile – étoile – et cætera et, je suis parti voir grand-père. 




Papy ! Il n'y a que des muets à côtés de toi et, il n'y a plein de mouettes aux dessus de toi. Tu es où, là, physiquement au plus bas et moralement, là, je ne sais pas. Tu es pas mal muet. Tu parles beaucoup, dans ma tête, tu résonnes dans quelque chose, à l'intérieur sans doute. Je t'ai apporté des fleurs pour te sentir moins seul. J'espère que tu les aimes. J'espère que je les ai bien choisi. Car, j'ai eu dû mal à choisir et lorsqu'elles sont mal choisies, les fleurs peuvent coûter chère. Et cela vaut aussi quand elles sont bien choisies. Je ne suis pas venu te voir pour t'offrir des fleurs. Je les aurai pris sur une autre tombe, tu n'aurais rien vu, tu n'en aurais rien su et j'aurai gardé mon argent. C'est pour le geste. C'est pour la fleuriste. 



Avec le soutien des Ateliers Intermédiaires.





Photos (c) Solène Millon
















          











Remerciements La MDE, Le studio Jo Tréhard, FSDIE, CultureAction, 
Yohann Allex, Adrien Beltoise, Romain Motte, 
Mélanie Thorel, Harold Toutain